Sélection d’estampes en tirages uniques ou très limités de Marie-Noëlle Deverre
Couleurs éclatantes, délicatesse, finesse et préciosité caractérisent les gravures que vous allez voir défiler ici. Elles sont l’œuvre de la plasticienne Marie-Noëlle Deverre. L’artiste puise dans notre quotidien (au travers des nombreuses résidences de recherche et de création qu’elle mène), le rend fantastique, étonnant, merveilleux ; ou encore interprète de façon poétique et lumineuse la mythologie grecque mettant en scène la végétalisation de Daphné.
Chaque gravure renferme un récit qui vous est propre. Toutes proposent un voyage dans un imaginaire sensible et extraordinaire.
N’hésitez pas à me contacter si vous avez une question sur l’une de ces pièces : 06 84 17 89 57, contact@virginiebaro.com.
Toutes ces gravures peuvent être expédiées en France comme à l’étranger.
Je vous souhaite un excellent moment en compagnie de ces riches histoires !
Virginie
Quand une tâche domestique rencontre le fantastique

Cette estampe est issue du projet [RE] PASSEURS DE RÊVES mené lors d’une résidence à la Corne d’Or en 2020 et 2021. L’expérience a commencé avec un groupe de personnes que l’artiste a appelé les « Repasseurs de rêves » (résidents en situation de handicap mental). Ensemble ils sont partis en explorateurs, à la rencontre de différentes personnes au travail sur le site de la Corne d’Or. Le ramassage des feuilles a été un moment fort grâce à un jardinier joueur qui a transformé cette activité banale en un spectacle à part entière. Le repassage du linge est également devenu un moment pittoresque par la mise en scène de ce rituel qui a été rejoué en chantant et en dansant par les Repasseurs de rêves. Ces joyeuses expériences actives et contemplatives du quotidien ont inspiré ces estampes. Le ramassage de feuilles et le repassage ont trouvé des points de croisement dans l’imaginaire de Marie-Noëlle Deverre : repasser les feuilles, imprimer les feuilles, raviver les feuilles d’arbre, de papier ; ramasser, remplir, déverser les feuilles puis recommencer sans fin ; repasser le linge, les feuilles ; froisser, repasser pour défroisser ; passer et repasser le temps, puis recommencer encore.
En regardant de nouveau les nombreuses versions des Repasseuses ou des Blanchisseuses, en redécouvrant également Les raboteurs de Gustave Caillebotte, des similitudes sont apparues dans les gestes rituels de repasser le linge, de raboter le parquet ou d’imprimer les estampes. C’est ainsi que la plasticienne a commencé, après la redécouverte de ces œuvres impressionnistes, à se servir d’un fer à repasser comme presse manuelle.
Gravures uniques grand format au dépron

Au cours d’une résidence dans un château en Roumanie, les outils que Marie-Noëlle Deverre utilisais habituellement pour graver ses matrices ont été remplacés par ceux qu’elle a trouvés au cours du voyage, notamment des objets traditionnels de la culture roumaine, comme un ancien peigne de métier à tisser. À son retour, cet instrument a été remplacé par une fourchette, objet représentatif de la place primordiale des savoureux repas auxquels elle était conviée jour après jour, comme à des rituels, lors de cette résidence. Porifera s’inspire du contexte observé aux alentours du château, des plantes poussant à la lisière d’un étang, mi-aquatiques, mi-terrestres. C’est toujours cet entre-deux qui interpelle l’artiste. Comment une plante se structure pour […]

Marie-Noëlle Deverre a eu l’opportunité d’assister à un retour de pêche et de sentir une réelle dichotomie entre la violence des racloirs qui éjectent les poissons non calibrés pour la vente et la sensualité des mains des pécheurs qui malaxent les créatures marines, donnant presque l’impression de les sculpter, de les faire naître en temps réel. L’estampe Quai-main-tri, le Chalut accentue le mouvement des mains par une démultiplication des gestes du tri, mais aussi l’intégration de poissons qui n’existent pas ou plus. Un bestiaire marin médiéval, onirique se mêle à […]
Un carton comme matrice de gravure
Série “Jardiner les délices”

Depuis de nombreuses années Marie-Noëlle Deverre réalise des monogravures à la pointe sèche sur des cartons d’emballage qu’elle nomme “Icônes ordinaires”. Ces gravures, issues de l’univers domestique et en lien avec le quotidien, envisagent de donner une seconde vie à ces rebuts de tous les jours pour les magnifier par la couleur et leur donner une certaine préciosité. Fragile dans sa constitution la matrice est d’autant plus éphémère qu’elle est griffée, creusée et utilisée pour de multiples surimpressions de couleurs sur le même papier jusqu’à épuisement du carton. Ce mauvais traitement infligé à la matrice ne rend possible qu’un seul tirage. La série “Jardiner les délices” évoque le triptyque de Jérôme Bosch. Gravées sur des boîtes de pâtisserie, les estampes révèlent un jardin miniature et concentré dont la nature abstraite, sauvage et sensuelle semble déborder dans un mouvement inverse, de l’extérieur vers l’intérieur, comme un paysage intime, corporel. Ces gravures questionnent les paysages que nous habitons et qui nous habitent, ceux que nous regardons et qui nous regardent. Ne sommes nous pas faits des paysages que nous traversons et qui nous traversent ?
Suite et fin de la série Ô ma muse !

Cette série d’estampes s’inspire des gravures datant du 18ᵉ siècle de Bernard Picart illustrant des récits mythologiques dans l’ouvrage Le Temple des Muses de l’Abbé de Marolles. Certaines estampes de la série Ô ma muse ! font référence à Daphné qui, poursuivie par le trop pressant prétendant Apollon, exhorte son père, le fleuve Pénée, de la protéger en la transformant en laurier pour échapper à la passion d’Apollon. Dans chacune des gravures, l’antiquité fabuleuse est revisitée. Les divinités marines comme Glaucus et Poséidon côtoient des divinités plus terrestres…
Végétaux ou algues, humanités, divinités, tout ici cherche à s’hybrider… S’agit-il de végétalisation de l’être humain ou bien d’une humanisation forcée de la nature ? Dans ces gravures, une main sans corps apparaît et disparaît tour à tour. Les doigts semblent naturellement se prolonger par une végétation qui, de gravure en gravure, est de plus en plus fournie. Des formes violet-roses apparaissent peu à peu plus abstraites. Dans un jeu plastique, elles sont instigatrices de nouvelles formes, nouvelles couleurs, nouvelles matières, comme pour suivre le mouvement de la métamorphose.
