Description
Cette série d’estampes s’inspire des gravures datant du 18e siècle de Bernard Picart illustrant des récits mythologiques dans l’ouvrage Le Temple des Muses de l’Abbé de Marolles. Certaines estampes de la série Ô ma muse ! font référence à Daphné qui, poursuivie par le trop pressant prétendant Apollon, exhorte son père, le fleuve Pénée, de la protéger en la transformant en laurier pour échapper à la passion d’Apollon. Dans chacune des gravures, l’antiquité fabuleuse est revisitée. Les divinités marines comme Glaucus et Poséidon côtoient des divinités plus terrestres…
Végétaux ou algues, humanités, divinités, tout ici cherche à s’hybrider… S’agit-il de végétalisation de l’être humain ou bien d’une humanisation forcée de la nature ? Dans ces gravures, une main sans corps apparaît et disparaît tour à tour. Les doigts semblent naturellement se prolonger par une végétation qui, de gravure en gravure, est de plus en plus fournie. Des formes violet-roses apparaissent peu à peu plus abstraites. Dans un jeu plastique, elles sont instigatrices de nouvelles formes, nouvelles couleurs, nouvelles matières, comme pour suivre le mouvement de la métamorphose. La série tient compte du processus temporel de la croissance. Ici, le temps n’est pas toujours linéaire, mais parfois cyclique, et suit une trajectoire propre au fabuleux. Ainsi, les superpositions des matrices sont comme des strates temporelles qui s’entrecroisent, où le dessous se mêle au dessus pour faire apparaître une nouvelle image née du hasard, du jeu, de la fougue de l’instant. La magie de la révélation propre au processus de la gravure, opère encore davantage par ces superpositions aléatoires où le repentir n’est pas possible.
Chaque estampe joue d’une marge qui l’architecture et fait que l’impression demeure toujours « en coin ». Cette manière de se positionner dans l’espace est ludique d’une part, mais propose d’autre part un hors-champ qui laisse imaginer qu’on pourrait recomposer une image dans un puzzle à reconstituer. Dans cette série, la facture délicate de la gravure lui confère une certaine préciosité où le multiple devient unique.
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