L’art textile de Marie-Noëlle Deverre

La série “Daphné sur Mars” relève de l’art textile. On observe, depuis quelques années, un fort développement des productions plastiques dans ce domaine. Les artistes se sont saisi du tissu, le libérant de sa fonction décorative ou utilitaire pour l’employer comme un médium à part entière. Il en résulte des formes multiples allant de la sculpture (murale ou à poser), à l’installation en passant par des tableaux.
Nakhlam, satin touché soie, lycra, sérigraphie artisanale, acrylique, couture machine et main, ouate, 35 x 16 x 15 cm, 2023
Marie-Noëlle Deverre propose ici une série de pièces murales en volume, tantôt sérigraphiées, tantôt teintées à l’encre. Pour cette série, elle fait allusion d’une part, au voyage du Rover Perseverance en quête de micro-organismes sur Mars, et d’autre part, au mythe de Daphné qui se métamorphose en laurier pour échapper aux assauts amoureux d’Apollon. En rapport avec l’antiquité fabuleuse, les sculptures textiles Daphné sur Mars, réactualisent le mythe de Daphné en suscitant nos sens et en mettant en jeu le désir de préhension, tout en créant une frustration face à la privation de ne pouvoir toucher l’objet convoité. La planète Mars et Daphné se trouvent être également objets de désir… Ces œuvres sont assimilées à des corps hybrides, à la lisière de l’organique, du végétal et de l’aquatique. Elles sont présentées comme des éléments précieux dont les formes semblent vouloir se développer et croître.
Seule ou à plusieurs
Chaque pièce textile s’envisage de manière autonome, mais elle peut être aussi associée à une autre, comme pour constituer les signes d’un langage inconnu qu’il nous faudrait décrypter.
L’expédition de ces sculptures est aisée, n’hésitez pas à me contacter pour envisager une acquisition.

Sporozo, satin touché soie, lycra, sérigraphie artisanale, couture machine et main, ouate, 39 x 20 x 19 cm, 2023
Se questionner sur la conservation et la durabilité d’une œuvre d’art textile
Marie-Noëlle Deverre donne forme à une matière — le tissu sérigraphié, dont on peut questionner la résistance dans le temps. Cela peut être un frein à l’acquisition, la plasticienne et moi-même en avons pleinement conscience. C’est pourquoi j’ai demandé à Marie-Noëlle de bien vouloir rédiger un texte sur cet aspect précis de sa création. À noter, que si chacune des productions de l’artiste est le résultat de l’investissement d’une idée, celle-ci est mise en œuvre de manière à figurer au sein d’un espace de notre quotidien. Les contraintes d’accrochage et de conservation font donc partie intégrante du processus de fabrication de cette idée.
Les œuvres textiles de la série « Daphné sur Mars » sont des sculptures dites « molles » qui à première vue ne sont ni de marbre, ni d’un autre matériau dit pérenne. Sont-elles pour autant éphémères ? Même si elles n’ont pas la longévité d’une toile peinte qui peut durer des siècles, elles peuvent exister, pour le moins, le temps d’une vie humaine. Si l’on en prend soin, elles peuvent même se transmettre de génération en génération comme un vêtement précieux. Pour le cas où elles subiraient l’usure du temps dans le mouvement naturel de la vie, elles n’en deviendraient que plus précieuses telles des parures de dentelles. Ces sculptures sont ambivalentes, elles revendiquent une certaine fragilité comme manifeste d’une sensibilité au monde, tout en affichant une forme de générosité et de résistance dans une société qui valorise principalement la puissance. Chaque volume est un « corps » de tissu, une sculpture gonflée d’imaginaire, affirmant à la fois ses rondeurs et ses extrémités pointues, ses formes mixtes et multi-sexuées, pour rappeler la vulnérabilité de notre existence humaine dans un débordement de couleurs et de sensualité, et pour acclamer « la soif du présent » dont parle Hegel, qui fait que l’on « trouve une source infinie de plaisirs dans ce qui est, dans la finitude de l’homme, dans tout ce qui est fini ».
Les œuvres de la série « Daphné sur Mars » sont conçues dans une perspective d’ « éthique de sollicitude » fondée sur l’attention aux autres et le soin des relations humaines. Par leur délicatesse elles réclament donc une certaine attention tout en se proposant d’exister pleinement dans le cadre de la vie domestique.
La fragilité du latin « fragilitas » n’est pas un état de faiblesse mais peut être une force à considérer pour réimaginer notre quotidien, rêver l’avenir : « Si certains veulent la supprimer, d’autres la masquer, elle est pourtant propre à chacun… De la naissance à la mort, des coups durs aux ruines qui nous entourent et dont parlaient si bien Chateaubriand, sans oublier les fêlures de Fitzgerald, comment trouver la force de conquérir la fragilité et d’en faire le sens de l’existence ? » Jean-Louis Chrétien, philosophe.
Une œuvre textile comme une tapisserie d’art unique

Au croisement de la toile libre, de la tapisserie d’art et d’une sculpture textile, cette pièce en tissu sérigraphiée est unique en son genre.
Un système d’accrochage simple pour des pièces légères


Les sculptures textiles de cette série sont légères et se suspendent au mur à l’aide d’une simple punaise, d’un clou à tête plate, d’une vis ou encore d’un L.
À propos de Marie-Noëlle Deverre
Marie-Noëlle Deverre a effectué ses études aux Beaux-Arts de Caen et aux Universités de Rennes et Valenciennes. À la suite de quoi elle s’est engagée dans de nombreuses collaborations artistiques pluridisciplinaires : vidéo-chorégraphies, performances, création de costumes-objets, scénographies, collaborations avec des danseurs, des musiciens, des plasticiens et des vidéastes…
Au fil des ans, elle participe ainsi aux vidéo-chorégraphies de Valérie Folliot et Philippe Colette questionnant l’incidence du vêtement sur le mouvement, en tant que performeuse ou créatrice […]
Exposition personnelles
2022 Maisons Folles, commissariat Nicolas Tourte, Lille
2021 Fendre les flots, Rezzo61, FDAC
2020-21 Métamorphoses et débordements, Maison des Arts Solange Baudoux, Evreux
2019 Quai-Main-Grue, Centre d’Art Fernand Léger, Port-de-Bouc, 36e Journées du Patrimoine, 6e édition du Parcours International de Dessin Pareidolie
Exposition collectives
2022-23 De visu #6, avec le soutien de la DRAC Normandie et de la Région Normandie, en partenariat avec Le Radar, Exposition inaugurale à l’Abbaye de Jumièges
2022-23 De fil en 4, commissariats Jean-Marc Révy (Galerie le 116ᵉ art) et Andréa Lacovella (Éditions La Rumeur Libre), Centre d’art La fabrique des Colombes, Saint-Colombe-Sur-Gand
Collections
› Fond Départemental d’Art Contemporain de l’Orne
› Artothèque Hauts de France L’Inventaire, Hellemes
› Maison des Dentelles d’Argentan
› Galerie Modulab, Metz
› Galerie Le Radar, Bayeux
› Centre de création contemporaine 2Angles, Flers
› Centre de création contemporaine Usine Utopîk, Tessy-sur-Vire